You created this nightmare yourself, don't you remember ? [Cerbère]

Quand t'es née, Cerbère, t'étais l'innocence à l'état le plus pur: tu n'y comprenais pas grand chose à ta naissance, ni même à l'existence-- l'on pourrait même dire que tu étais plutôt simple d'esprit, à ne pas chercher à comprendre la vie qui t'entoure, à ne pas réaliser la différence entre le bien et le mal, à ne pas te rendre compte à quel point ta vie était d'une lamentable tristesse. Tu ne faisais que vivre en silence, acceptant ton sort avec loyauté jusqu'à t'en rendre malade, acceptant ton rôle de Veilleur au point de t'en perdre toi-même...  à un point tel qu'il serait idiot de ne pas réaliser que c'était totalement ce qu'elle voulait, que c'était calculé du début jusqu'à la fin.

Née d'un esprit aussi malsain qu'avare, arrogant et capricieux... le phare venait de te mettre entre les mains d'une des pires âmes humaines qu'il ait pu connaître dans sa longue existence.

Elle voulait tout autant qu'elle ne voulait rien, voulait le meilleur mais ne voulait mieux qu'elle, voulait de l'indépendance autant qu'un total contrôle, ton éclat n'avait que des attentes irréalisables, contradictoires; cela ne donna naissance qu'à quelque chose dont elle n'aurait jamais pu être satisfaite, menée par des intentions malsaines du début jusqu'à la fin. Elle ne voulait pas être protégée, ne voulait pas de meilleure amie; elle voulait te détruire, t'écraser jusqu'à t'en faire perdre la raison, te contrôler tel un jouet pour faire avec toi ce que bon lui semble. Elle voulait la puissance, et sa cruauté sans fin aura porté fruit, au fil des mois à te battre à répétition, te frapper avec tout ce qui lui tombait sous la main, t'isoler, t'humilier, brisant ton esprit déjà bien fragile, simple et si vulnérable au départ.

Cela n'aurait pas du arriver. Cela n'aurait pas du arriver. Cela n'aurait PAS du arriver. C'était pourtant si prévisible, mais personne n'a fait quoique ce soit pour y remédier. Ils fermaient tous les yeux face à elle, face à ses agissements envers toi, et ce depuis le départ.

Leur lâcheté aura causé ta perte... et la sienne.

À peine arrivée, elle avait déjà commencé à jouer avec toi, à se plaindre de ton existence dont, évidemment, elle ne voulait pas... du moins, pas comme tu étais venue. Tu es laide, Cerbère. Terriblement laide, montrueuse bête, massive et... vide. Tu n'as pas de regard, rien d'attachant, seulement une énorme bouche pleine de dents, et une voix digne d'un cauchemar, à glacer le sang: rauque, froide, et surtout... multiple. Comme si tu avais plusieurs voix en même temps.

Comme si elle avait voulu plusieurs choses à la fois...

Oh?

Tiens.

C'était le cas.

Elle avait hurlé en te voyant, t'insultant déjà alors que tu ne faisais que regarder en sa direction, aussi confuse que perdue. Elle n'était pas contente, refusait de croire qu'une telle créature venait de la si parfaite elle. «Elle est trop laide, c'est quoi ce truc?! J'ai pas créé ça, moi, elle doit être défectueuse!» disait-elle en hurlant, piquant une crise monstrueuse alors qu'elle venait à peine de mettre les pieds au phare, sa voix de petite chipie brûlant déjà les tympans de ceux l'entourant. Sans même savoir ce qu'elle disait, sur le coup, tu te sentais déjà blessée; sa voix hostile étouffant déjà ton coeur de ses mots venimeux... mots que tu ne comprenais même pas.

Aujourd'hui, cependant, tu aurais préféré ne jamais en savoir la signification, à vrai dire. Ton apparence te hante, te tourmente, tu en es terriblement complexée, te trouvant aussi laide que ce qu'elle racontait à tout le monde pour que personne n'aille te voir, que personne ne te prenne en pitié lorsqu'elle riait de ton sort. Pour ceux qui la "supportaient"-- elle était terrible avec tout le monde, les observant de bien haut-- tu n'étais qu'une bête sauvage, Cerbère. Personne de sain d'esprit n'approcherait une bête sauvage.

Leur ignorance aura causé ta perte... et la sienne.

C'est seulement au fil du temps que ses mots devinrent vrais. À force de s'acharner sur toi, tu es devenue exactement ce qu'elle racontait; une véritable bête sauvage. Agressive, impulsive, nerveuse, sauvage... un véritable monstre. Alors que dans le passé, ta cruauté n'était qu'un stéréotype, étant aussi douce et passive qu'un agneau... tu étais maintenant ce qu'elle disait, ce qu'elle redoutait. Elle avait dépassé la limite, largement.

Elle voulait te briser... et ça a fonctionné. Le résultat n'a simplement pas été celui espéré.

Dès qu'elle s'approchait, tu voulais la mordre et la griffer. Tu lui grognais au visage, prête à lui arracher de plein fouet. Lorsqu'elle n'était pas là, c'est toi que tu blessais, tes griffes contre ta peau, des poils arrachés et du sang partout. Tu manquais de stimulations, isolée des autres depuis des mois. Tu ne voyais personne, ne mangeait que ses restes de table, elle ne te sortait plus (elle t'utilisait dans le passé pour transporter des choses), tu en devenais complètement folle. Tout le monde devenait une proie. Tout le monde pouvait te blesser.

Au fond, tu ne faisais plus la différence entre qui que ce soit.

Il n'y en a que deux au final qui ont vraiment sorti du lot, un banni et celui avec qui tu partages-- platoniquement-- ta vie, encore aujourd'hui. Lui ne te juge pas, lui t'apprend des choses. Sa compagnie t'es agréable, bien qu'il adore t'embêter de bien des façons; c'est une personne importante pour toi, ton partenaire de crime et de vie. Son éclat, tout aussi con que la tienne, ce sont bien trouvés, Priscilla-Marie et Jean-Prépucin tombant fou amoureux l'un de l'autre et passant désormais tout leur temps ensembles. Ils refusaient que Lecter vienne te voir, mais il venait quand même. Agréable compagnie, ce Lecter.

Et cela aura causé... leur perte. Mais pas la vôtre, bien au contraire.

Lorsqu'il a finalement gagné ta confiance, après de nombreux bras arrachés et des AGROUS de mécontentement, vous aviez finalement atteint un stade dans votre amitié où vous pouviez parler de meurtre sans- ... comment ça c'est pas normal? Peu importe. Vous les aviez traînés dans les bois, cette journée-là; un parfait endroit, loin de tout le monde. Tu n'étais clairement pas le cerveau de l'affaire, mais tu as pu finalement arrêter de tes propres pattes ta terrible existence, les perles rouges de Priscilla-Marie désormais entre tes dents, un goût délicieux de délivrance en bouche, de liberté-- enfin, vous seriez en paix! Son nom ridicule, sa personnalité horrible et son QI déficient ne manqueront à personne...

... Mais hélas, vous avez été bannis. Loin, dans la forêt. Vous faites partie des bêtes dont ces petits démons entendent souvent parler, désormais. Vous êtes ceux qu'ils doivent éviter en forêt, ceux que leurs veilleurs éloigneraient de toutes leurs forces pour les éloigner au premier regard... ce qui est... si injuste. Cela te mets en colère, Cerbère. Elle aurait pu te tuer, personne n'aurait réagi. Mais eux, morts? Bannissement. Injustice. Ignorance volontaire. ... Erreur dans le système.

VOUS avez été bannis pour les erreurs des autres.
VOUS avez été bannis pour leur lâcheté.
VOUS avez été bannis pour leur ignorance.

Et eux n'ont rien. Eux ont droit au bonheur, encore, alors que vous avez été rejettés en cherchant le vôtre. Vous n'étiez pas nés mauvais, pas complètement du moins, mais ce sont eux qui vous ont transformé, en laissant ces deux idiots vous utiliser ! Ils mourront, tous, un jour ou l'autre. Il faut simplement du temps... et le temps, vous en avez amplement. Grâce à Lecter, tu as beaucoup gagné, en vocabulaire comme en intelligence générale. Tu en sais beaucoup plus que tu en as l'air, et tu attends patiemment que l'heure de la vengeance sonne.

Au fil des années, tu as eu beaucoup de rôles, Lecter aussi. Tous des petits enfants, que tu jouais à la perfection-- les gens ne t'oublient pas, et ne t'oublieront jamais. Ton histoire circule, toi aussi-- et ça, cette idiote de Céleste n'en sait rien. Tu lui passes sous le nez, mais elle n'y voit que du feu... parfait. Un jour, elle verra. Comprendra que son système est mauvais, comprendra qu'elle ne pourra pas s'enfuir éternellement de la souffrance qu'elle cause aux autres-- elle lui bondira au visage avant même qu'elle ne le réalise, tôt ou tard.

Un jour, elle et son phare seront détruits; tu le sais. Il ne mérite pas d'être debout après toute la souffrance qu'il a causé !

Je suis ce que je ne suis pas - Métamorphe.
Tu te transformes, Cerbère-- en un peu tout et n'importe quoi. Tu prends l'apparence de ce que tu veux, quand tu le souhaites. Ta transformation est d'une durée de deux heures, ni plus ni moins, mais cela te donne assez de temps pour faire bien des choses, comme être la petite fillette attachante qui se balade parfois au phare... personne ne doute de rien, alors que tu continues de vivre grâce au bouche-à-oreilles.

Quels vulgaires idiots.

Je vois ce que vous ne voyez pas - Brouilleur de sens.
Tu peux brouiller les sens de ceux autour de toi, pour qu'ils ne te voient pas, se perdent eux-mêmes dans leur environnement, dans la peur et le flou de leurs sens. N'est-ce pas amusant? Ce n'est cependant pas sans contrepartie, cependant-- si une personne te touche, elle est totalement imunisée; tu ne pourrais donc pas t'enfuir de quelqu'un qui te retiens, par exemple.

... Mais qui oserait te toucher ?