Histoire
Commence un jour l’histoire d’un garçon qui grandit, heureux, dans une famille aimante dont il fut proche. Il s’épanouit entouré d’amis qu’il garda des années durant. Mais l’un d’eux était spécial.
Il était secret.
L’ami qui l’accompagnait, le surveillait lorsqu’il sortait. L’ami qui veillait ses nuits, gardien de ses rêves dans lesquels tous deux laissaient court à leur imagination. Un ami inventé. Imaginaire. À l’image des héros de ses livres d’enfant : guerrier sûr et protecteur, magique. Un ange. Un ange capable de balayer tous ses problèmes d’un battement de ses puissantes ailes blanches. Un ange nommé Mercure d’après la plus petite planète de notre galaxie, celle qui se tient le plus près de son soleil sans faillir.
Et Mercure resta près de son soleil, Roméo.
Lorsque sa grand-mère fut emportée par son âge, il le guida jusqu’à un Phare, en rêve. Il le porta dans ses bras jusqu’à cet endroit qui allait devenir son nouveau chez lui pour quelques années.
Roméo fut ainsi gardé de la douleur qu’avait causé la perte de l’être proche. Il se fit des amis, rencontra même une jeune fille qu’il aima pendant le peu de temps qu’il eut avec elle. Il délaissa son ange au profit de cette relation nouvelle. Et Mercure comprit, sut s’effacer pour le laisser dans un bonheur qu’il méritait. Un bonheur qu’il lui envia.
Comme beaucoup de veilleurs, il aurait aimé rester plus longtemps avec son protégé. Mais alors que celui-ci regagnait le vrai monde, Mercure resta au village près du Phare. Il resta seul sans avoir à s’occuper de qui que ce soit, sans but ; seul, le cœur alourdi de sentiments pour Juliet qu’il tenta d’étouffer plus d’une fois.
Il souhaitait simplement revoir son Éclat, son soleil, Roméo. Qu’il revienne comme certains le faisaient. Le quotidien de l’ange devint rapidement une routine dans laquelle il peignit énormément et mis son talent à profit en aidant à confectionner certains décors au théâtre. Il aurait aimé pouvoir éviter Juliet, mais le village n’était pas si grand… Et il ne pouvait s’empêcher de discrètement la regarder prendre son café au lait tous les matins à la terrasse du même café. Il restait à distance.
Cette routine lui convenait d’une certaine manière et aurait pu durer… Mais son rêve le plus cher se réalisa.
Mercure fut enchanté de voir revenir Roméo après toutes ces années, de pouvoir contempler la splendide personne qu’il était devenu. Il ne l’avait pas oublié. Il était revenu pour lui !... Ou...pour… ...Juliet ?
Les deux tourtereaux n’avaient fait que suspendre un amour qui avait perduré malgré la distance. Et l’ange en était jaloux. Jaloux à en crever. Autant de Juliet qui passait son temps avec Roméo que de Roméo qui vivait avec Juliet un amour que Mercure désirait.
Il se fit silence, garda son esprit occupé en peignant, plus, toujours plus, des fleurs, des portraits, Juliet… Des décors. Le théâtre. Il s’y abandonna pour ne plus penser. Ne plus réfléchir.
Puis une nuit, une terreur sans pareil le réveilla. Un poids, une sensation de vide… Quelque chose était arrivé à Roméo. Il chercha Juliet, pour savoir ce qui s’était passé, et ne tarda pas à découvrir que son protégé était mort. Si près de lui. Il n’avait pas pu, pas su le protéger. Il n’avait pas été là.
Cette nuit, ses ailes devinrent noires. Il crut perdre pied, mais se raccrocha à celle laissée pour compte, qui souffrait autant, sinon plus que lui : Juliet. Il devait tenir, sauver les apparences, être présent pour elle, ne pas la laisser seule. Il sut mettre de côté ses sentiments pour lui venir en aide, être présent pour elle puisqu’il n’avait pas su l’être pour Roméo quand il en avait besoin.
Cette nuit, Mercure trouve sa quête. Il serait là pour Juliet jusqu’à ce qu’elle aille mieux.