Stage off.
Cruel.
Que le Destin est cruel parfois,
A se jouer d’eux. A les faire croire à des chimères pour voir leurs coeurs se serrer.Tu observais d’une mine placide la pièce qui prenait vie sous tes yeux, d’une Comtesse des Ombres terrassée par ses propres serviteurs, ceux-ci donnant leur loyauté à la nouvelle élue ; cette tête rousse. Tu avais jugé ce médaillon plus utile auprès d’elle que dans ta collection privée d’étrangetés.
Elle n’était qu’humaine dans un monde merveilleux tombé en déveine. Tournant vers la Décadence. Vampirella drapée dans son étole jais et blessée se repliait, le sourire fier malgré son état, vous libérant de sa cage ténébreuse. Le spectacle continuait, prenait vie, s’accentuait. De cris et larmes, de faciès perdus dans cette Discorde qui ne se faisait que plus véhémente. Vindicative, ode aux plaintes des bannis trop longtemps oubliés et mis au rebut.
Ces êtres mal-aimés crachaient toute leur rancoeur sur chaque recoin de ce qui fut autrefois un semblant d’idylle pour enfants en peine. Tu l’avais prévenue, cette flamme. Tu n’avais cessé de la mettre en garde.
Le Destin n’exerçait que son droit.
Respectait ses convictions.Tu allais enfin pouvoir fuir cette terre qui t’ennuyait et t’épuisait. Toutes ces silhouettes grouillantes avaient vite de faire de ta personne une statue agélaste, dont les émotions figées ne fissuraient point le masque de pierre qu’elle arborait. Tu avais à peine eu le temps de répondre au malheureux Niabuck dont les doigts de pierre eurent raison de la dernière once de courage encore vacillante dans son coeur.
Tu aurais voulu le prévenir, que tout mal avait un bien. Et qu’il serait bientôt sur pieds. Tout comme la tête rousse ne resterait nullement une statue partielle, à peine construite et chancelante.
Le Temps lui, chantait encore, n’en faisait qu’à sa tête, orchestre infernal à lui seul. Mélodie joyeuse sur un tableau bien trop gris et déprimant. Tu tournais les talons, soufflant, décidé à poser tes souliers sur les dalles irrégulières de ton temple. L’humaine était en sécurité avec son Veilleur. Le Temps lui, se débrouillerait, tu ne t’en faisais guère pour elle.
Et toi, toi, Karma rouillé et désintéressé,
Tu traînais des pieds.Éreinté d’une telle perte d’énergie pour sauver un bateau coulant dont les seules rames furent une humaine et un pénis chantant, tirées par une ancre de pierre désolée.
Navire chavirant où tu dû te faire Capitaine, toi qui n’aimais point cela. Que de trop t’investir dans la vie d’autrui en perdant ta neutralité qui t’était si chère.
Tu avais néanmoins fait ton travail et chacun avait eu son ticket, son retour en bon comme mauvais. Tu pouvais partir l’esprit léger, aéré de toutes questions et contraintes. Tu posais tes prunelles d’onyx sur la tête alezane, zieutant ces nouvelles âmes revenues des tréfonds d’une ère oubliée.
Tout allait bien. Tout se déroulait comme cela devait se faire.
« Maintenant tout est bon. Le Destin a fait son travail et ces anciennes âmes vont s’occuper de repousser les bannis. De toute manière, ceux-ci semblent partir d’eux-même. Ma missive est donc terminée. Vous devriez rentrer ton Veilleur et toi et profiter de ce calme à venir. »Un sourire effacé, à peine perceptible se dessinait sur tes lippes charbonnées, l’air dansant autour de toi.
Dansant, paysage changeant et hypnotique. D’un esprit trop lourd, t’entraînant avec lui sous terre ; contre terre. Paysage passant de bâtiments brouillons et acryliques à ces dalles, poussiéreuses et humides. Sillon de terre te menant à de vagues ombres se mouvant au loin.
Floues. Le ciel devenait nuit, les étoiles te tendant leurs poussières pour te guider dans ton inconscient,
loin de cette réalité. Éreinté, karma plaqué au sol profitant d’un court instant de paix. Acceptant cette invitation des astres contre son gré en son for intérieur.
Que le Destin est farceur parfois.@Aby-choupiCâline le sol en #663399