Life is like a carnival || Ft. Aby ♥ [Phase 2]

La soirée se déroulait parfaitement, mieux que ce qu’aurait pu espérer Abygaëlle. Le stand et leurs mains n’étaient jamais au repos, il y avait toujours un curieux pour pointer le bout de son nez et les aller-venus se faisaient incessants. Après un moment rythmé par la curiosité de la nouveauté, les demandes s’étaient quelque peu calmées. La jeune femme en avait profité pour s’asseoir dans un coin de la tente et préparer de nouvelles encres pour le reste de la soirée, mélangeant pigments et huiles, ajoutant diverses plantes et créant parfois des fumées ou des odeurs étranges mais jamais désagréables. Elle était quelque peu perdue dans ses pensées et concentrée sur sa tâche, l’esprit rattaché à Pirouette, regrettant un instant que ce dragon flemmard ne se soit pas bougé les fesses pour l’accompagner et se dire que de toute façon il n’aurait pu passer son temps qu’à voleter aux alentours et s’ennuyer les regardant peindre sur des toiles humaines. Aussitôt ses pensées partirent flotter vers Méphénésine dont elle regrettait également l'absence. Celui-ci l’avait aidé et soutenu dans ses préparatifs. Testant encres et pigments, créant des mixtures plus ou moins concluantes quelques jours avant l’installation de son stand. Ils avaient passé beaucoup de temps à rire et fabriquer les pires mélanges détonants sous les regards tantôt apeurés tantôt désapprobateurs de Robert et Pirouette. Elle sourit à ce souvenir avant de lever les yeux pour scruter la foule devant elle.

Ses lèvres se figent et ses yeux se voilent un instant quand elle le voit planté là, devant son stand. Son coeur manque un battement sans qu’elle ne sache pourquoi et le temps d’un clignement de paupière elle voit quelque chose de très flou. C’est comme les images de visiomancie de Pirouette... C’est un moment, un souvenir, ça elle en est sûre même si elle ne le comprend pas. C’est un film, un son, où tout est loin, elle se sait avec lui et l’entend lui demander “Tu es sûre de toi?”. Ses mots résonnent à son esprit, lui même en train de chanceler alors qu’elle est assise sans bouger. Sa gorge se serre légèrement avant que toutes ses sensations ne disparaissent en un clin d’oeil la laissant vide, vide comme quelques instants plus tôt.

Elle ne comprend pas ce qu’elle vient de ressentir et encore moins ce qu’elle vient de voir ou justement de ne pas voir de manière très frustrante tellement ce souvenir était fugace et flou. Ce qu’elle sait, c’est que l’homme planté devant son stand l’intrigue. Elle saisit un chiffon pour s’essuyer les mains, se relève et passe une mèche derrière son oreille avant de lentement coller les tentures pour se diriger vers lui. Par chance le stand marque un passage à vide et elle ne culpabilise qu’à moitié de le laisser aux mains de Hyacinthe, son nouvel apprenti-ami.

- “ Hyacinthe, je reviens, je dois... aller … vérifier quelque chose. Je peux te confier le stand? Il n’y a pas grand monde tu devrais être tranquille le temps que je revienne...

Elle n’attend pas vraiment sa réponse, elle lui a adressé sa demande d’une voix distraite et douce avec un petit sourire pendant que ses yeux faisaient des aller-retours entre son amis et Lui. Elle se colle et se mêle aux tentures, son kimono noir la faisant son fondre dans cet amas de tissus, lui permettant de s’approcher furtivement. Espionne timide d’un soir. Une fois à quelques mètres elle le scrute, le regarde, le fixe à en plisser les yeux essayant de comprendre. Elle serre les poings toujours aussi dépitée que sa mémoire lui échappe depuis son retour au Phare. Chaque nouveau souvenir semble être là pour la faire espérer avant de disparaître sans laisser de traces, la laissant sur sa faim.

Doucement elle s’approche dans son dos, sans réfléchir et sans faire de bruit, tendant une main pour effleurer son bras. Stupide Feu Follet qui saute sur son destin sans le savoir. Peut être par peur qu’il ne soit pas réel, qu’il s’échappe avec ses réponses ou qu’elle ait encore rêvé, elle se lance immédiatement pour lui sauter sur le dos essayant d’enserrer de ses bras cet inconnu qu’elle venait de retrouver.

Codage par Libella sur Graphiorum

C’est accrochée à lui comme une gamine à une peluche qu’elle se rend vraiment compte de ce qu’elle vient de faire. Elle n’a de toute façon pas le temps de se reprendre ni de placer un mot que le visage de cet inconnu se tourne vers elle et que de la plus surprenante des façons il disparaît d’entre ses bras. Disparaître n’est pas le terme correct, il fond? Il se change plutôt non? Et surtout elle s'écrase platement sur le sol, ses genoux et ses mains embrassant les pavés dans un couinement de surprise et de douleur. Ni l’un ni l’autre ne restent bien longtemps dès lors qu’elle regarde ses doigts encore marqués par une trace fugace d’encre, encre qu’elle voit flotter non loin d’elle, affublé d’une queue qui remue drôlement et qui recule un peu. Ses yeux vont rapidement du nuage d’encre à ses doigts marqués de la même couleur, allers-retours incrédules de ses pupilles ne comprenant pas ce qu’elles voient. Et par dessus ça, lorsqu’une nouvelle fois ses yeux se posent sur ses main, l’image se superpose, floue, mais elle voit ses doigts d’enfant tachées de la même manière. L’image et la sensation de déjà vu repartent aussi vite qu’elles sont venues lorsqu’il s’adresse à elle. Elle se redresse un peu dans une grimace et se relève, rouge comme une tomate, plus encore que ses cheveux de feu. Incapable de le regarder dans les yeux de gêne, elle se contente de fixer son torse pour lui répondre en jouant distraitement de l’encre sur ses doigts.

- “ Je... C’est à dire que… J’ai peut être cru… un instant… vous connaître? Je m’excuse de mon audace, je vous avoue que je n’ai pas réfléchi et ....

Elle laisse sa phrase en suspend, ne sachant pas quoi dire de plus, marchant complètement dans sa taquinerie. Elle relève les yeux pour les plonger dans ceux sombres et incroyables de cet être qui lui fait face. Elle n’a même pas plus tiqué que ça sur sa transformation, ne l’ayant pas oublié mais surtout classée dans un coin de son esprit, comprenant que ce n’est pas nouveau pour elle sans savoir d’où ou de quand elle aurait pu connaître ça. Elle est vraiment intriguée et veut comprendre qui il est et pourquoi elle semble avoir senti ce sentiment de nostalgie poindre dans son coeur à son contact. Pour ça elle s’avance un peu et lui tend une main timide, pour cette fois, essayer de faire les choses bien.

- “ Mon nom est Abygaëlle, je suis nouvelle ou… nouvellement revenue au Phare. Je m’excuse de ne pas vous connaître... je réapprend à vivre ici.

Sa voix se fait hésitante et timide, ses joues encore un peu rosées de son vol jusqu’au sol. Les yeux émeraudes de la jeune femme passent du visage de l’inconnu à ses doigts encore tachés d’encre et y restent fixés.

Codage par Libella sur Graphiorum

La voilà main tendue devant un Apocryphe qui l’ignore complètement pour se concentrer à sortir un étrange livre ainsi qu’une plume de la poche de sa veste. La rousse reprend sa main et fait un pas en arrière complètement gênée à essayer de nettoyer l’encre de ses doigts, l'étalant encore plus sur ses mains. Ses yeux se portent de nouveau assez rapidement sur lui et son sourire, ses mimiques de secrétaire coincée et son discours. Plus il parle plus elle ressemble à un poisson hors de l’eau, ouvrant et fermant la bouche sans qu’aucun son n’en sorte, elle ouvre grands ses yeux pour le fixer. Qu’il sache son prénom, bien-sûr elle vient de se présenter, mais son nom? Pourtant elle ne se souvient pas l’avoir dit à qui que ce soit? Et encore moins son âge ni…. Impossible. Il vient vraiment de prononcer le nom entier, complet et correct de Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch, sa ville de naissance? Même certains habitants de ce lieu n’y arrivent toujours pas et lui sort ça de nulle part, le prononce naturellement et s’en agace? Elle couine de surprise en ouvrant plus grand les yeux, ses iris vertes se perdant dans le blanc de ses orbites en lançant un - “ Mais… Comment?” Elle n’a pas le temps d’en sortir plus qu’il continue, alignant les faits et les informations sur sa vie et elle, la rendant muette puis bégayante.

- “Je… Non… vous ne vous trompez pas... mais…”

Elle est incapable de finir sa phrase, rougissant une nouvelle fois sous ses yeux inquisiteurs et souriant bêtement à son imitation de secrétaire strict. Elle était quelque peu intimidée par sa démonstration, soufflée par la prononciation parfaite de sa ville d’origine et gênée de la façon dont il pose ses yeux sur elle. Mais tout ça ne pouvait enlever cette impression d’une pièce manquante dans l'énorme puzzle qu’était devenu sa vie. Plus elle en apprenait et plus elle se rendait compte qu’il manquait des pièces, perdues ça et là au grès de ce qu’elle a vécu et de son passé. Et ce dont elle est sûre c’est qu’il est une pièce de ce puzzle, lui, cet inconnu qui sait tout d’elle.

- “Je… Non… vous ne vous trompez pas mais… mais… Comment arrivez vous à prononcer le nom de Llanfair aussi facilement? Vous y seriez déjà allé?”

Le voyant pencher la tête et regarder son stand elle reste quelques instants à le détailler, curieuse, essayant de graver son visage dans sa mémoire pendant que ses yeux sont posés ailleurs et qu’il lui propose de (re?)faire connaissance. Puis la rousse tourne enfin ses mirettes sur le fameux stand riant doucement à la description qu’il en donne et se raclant la gorge un peu. Ses yeux allant de l’étale, à son visage puis à ses doigts en train de tourner et retourner sa plume.

- “Le stand est entre de bonnes mains avec Hyacinthe et Aulne je vous l’assure. Et... Oui j’aimerais faire… refaire?... votre connaissance, mais quoi qu’il en soit, j’aimerais déjà connaître votre nom, ça serait un début?”

Elle se rapproche et tente encore une fois d’attirer son regard ainsi que quelques informations venant de lui. Inconnu qui sait tout d’elle mais dont elle ne connaît rien à part quelques flash incompréhensibles et flous. Elle tend encore une fois sa main et lui touche l’épaule pour attirer son attention en se glissant entre lui et son étale. Laissant ses yeux glisser dans les onyx de cet inconnu dont elle ne peut pas se séparer ni laisser partir.

- “Dites… Vous semblez tout savoir de moi, plus que moi même je crois… Comment? Pourquoi? Qui êtes vous et pourquoi je crois me souvenir de vous?”

Codage par Libella sur Graphiorum

Il était beau à la taquiner de cette manière, parlant gaélique. Cette fois elle ne fut pas surprise de l’entendre prononcer ces mots, elle avait accepté en quelque sorte que cet être était plein de surprises et elle en était ravie. Elle fut surprise plutôt par ses propres pensées. Le rose de ses joues se calmant repartit de plus belle. Serait-elle capable un jour de garder contenance devant lui? Elle rit un peu de la phrase qu’il choisit et lui lança alors naturellement:

- “Si vous êtes coutumier des tavernes alors laissez moi vous offrir un verre à l’occasion, je suis curieuse de savoir le nombre et la nature des langues que vous avez apprises.”

Les yeux de la rousse passaient des griffes et du grimoire de l’inconnu à ses onyx, aimant la beauté et l’ancienneté de son livre, elle même en possédant grand nombre, même si les siens étaient plus simples. Elle sourit sincèrement à son rire avant de l’écouter avec attention lorsqu’il reprenait plus sérieux, répondant à ses interrogations. La première pensée qu’elle se surprit à avoir fut banale. Elle se dit d’abord que ce don était incroyable avant d’en réaliser réellement l’impact. Plus les mots fusaient plus son sourire disparaissait pour le regarder sincèrement lui. Se présentant honnêtement sans fard devant elle à lui avouer ce dont il était capable. Les yeux de la jeune femme le regardait avec douceur se disant qu’une telle vie devait être bien fatiguante, de connaître tout sur chacun, d’être vénéré tel une déité. Car connaissant les humains, ceux-ci ne vénèrent rarement sans vouloir de retour sur investissement. Il faut toujours une réponse à une prière, toujours un signe, une aide ou une confirmation. Les humains sont des êtres égoïstes et égocentriques. Elle concevait aisément pourquoi il pouvait vivre reclus loin d’eux. La rousse hochait doucement la tête pour lui signifier, sans le lâcher des yeux qu’elle comprennait. Elle sourit, ses yeux se plissant plus son sourire s’élargissait, son nez se fronçant puis elle partit dans un rire sincère à l’énonciation de cette liste de noms ou surnom étranges.

- “Apocryphe fera très bien l’affaire puisque c’est votr’... ton nom. Pardon.”

Elle ne dit mot sur sa nature, l’acceptant comme tel qu’il se décrivait, un être affublé d’une malédiction ou d’un don selon si ça devait lui peser ou non. Elle trouvait simplement sa nature et sa présence intéressante. Invitant encore plus sa curiosité à ne pas laisser filer cet Apocryphe lui rendant en écho son sourire enfantin.

- “Ce livre et cette plume? C’est une sorte… d’almanach? Tu y notes tout? Est-ce pour ça que tu l’as ouvert pour me citer... toutes ces choses sur moi?”

Elle jouait de nouveau sans trop y penser de l’encre sur ses doigts comme elle le fait si souvent dès qu’elle se tache les mains, s’amusant sans le savoir à dessiner des entrelacs et volutes sur sa peau du bout des doigts, montant sur le dos de la main et sur son poignet, glissant l’encre sur elle comme sur une toile pendant qu’elle lui parlait, l’étirant et la façonnant, venant la mêler à ses tatouages déjà existants sous son épiderme.

Codage par Libella sur Graphiorum

Apocryphe n’est pas la personne à chercher les bains de foule et ça elle aurait dû s’en douter après la confession qu’il lui a faite, de rester reclus en son temple, loin de tout et de tous. Elle sourit comme une gamine alors s’imaginant frapper à sa porte avec une bouteille de vin pour lui proposer de discuter autour d’un verre ensemble. L’esprit de la jeune femme dériva une fois de plus pendant que ses yeux se perdaient dans les pupilles sans bords d'Apocryphe. Elle cherchait quelle genre de bouteille il pourrait bien aimer, et si elle aurait le budget de lui apporter quelque chose dont elle n’aurait pas à rougir. Elle se demanda même à quoi pouvait bien ressembler son lieu de vie. Déjà la rousse se mit en tête qu’une prochaine fois, après la fête, elle lui rendrai visite. Pirouette devait bien savoir où il habite et au pire elle demandera à Aulne, une Sentinelle doit bien savoir ces choses là.

Elle lui retourne son sourire et ne relève pas sa remarque gardant son idée pour elle pour l’instant. Aussitôt son attention fût attiré par sa voix. Elle aimait bien sa voix, comme si elle la connaissait déjà, l’avait déjà entendu. Comme une sensation d’une douce berceuse qu’on écoute enfant ou d’une chanson qui nous rend nostalgique car on l’a trop souvent écouté en boucle il y a des années de ça avant de l'oublier pour la redécouvrir. Prêtant encore l’oreille attentivement à son flot de paroles et déjà il répondait à la moindre de ses interrogations, elle qui pensait qu’il se lasserait de sa curiosité peut être un peu mal placée. Elle n’en est que plus ravie d’apprendre et de le découvrir au détour de ce qu’il aime et ce qu’il fait. Elle note chaque chose dans son carnet mental, n’ayant pas besoin de poser ça à l'écrit comme pour lui. Et en même temps, elle n’avait pas toutes les âmes du Phare à gérer, et bien heureusement!

Elle se rapprocha d’un pas en venant caresser du regard la page du grimoire ouverte aux étoiles peuplant ses yeux. Elle pouvait distinguer différents types d’alphabets dont elle ne connaissait rien mais qu’elle trouvait incroyablements beaux et travaillés. Elle ri un peu à la mention de la plume, bien évidemment… Comment pourrait t’il faire sans? Se dit-elle se triturant encore les doigts couverts de son encre.

- “Oh… Je vois… Il est vraiment complet. Je n’y comprend vraiment rien mais son contenu est… beau et… poétique? Enfin je trouve...”

Et la voilà encore en train de sourire et de rougir aux mots qui se sont échappés de ses lèvres. A l’évocation de son intérêt actuel, Abygaëlle ne put s’empêcher de lâcher un “Oh! Des tengwar…” Et voilà ses joues qui rosissent toujours plus à l’évocation de Tolkien. Elle même en était passionnée et avait même un de ses trois dragons tatoués dans le dos provenant de l’univers même de ce fabuleux conteur. Justement, le voilà qui l’interroge sur les dessins ornant sa peau, lui qui ne pouvait en apercevoir qu’une partie infime simplement dépassant des manches de son kimono. En lui répondant elle baissa les yeux sur ses poignets tatoués et encrés en rougissant toujours plus. Bientôt si la gêne continuait son chemin elle se mettrait à bégayer. C’est que cet être particulier avait le don de bien cibler ses questions.

- “Pour mes tatouages… ils s-sont assez personnels, leur symbolique est différente pour chacun d-d’eux et… Je peux te dire pour l’instant que chacun marque un moment... de ma vie. Ma peau… c’est une sorte de chronologie des événements marquants qui me sont arrivés. Et oui, c’est effectivement un art que je porte particulièrement dans mon coeur. J’aime l’idée de se marquer de façon permanente ou temporaire et avec ce monde… ces encre et leur magie… on peut créer des choses vraiment incroyables tu sais!”

La voilà qui s’était encore emballée, parlant d'une voix calme, douce et passionnée à la fois. mais ce sujet la touchait particulièrement après tout. C’est en parlant qu’elle saisit enfin pour l’encre noire couvrant ses mains. Il est vrai qu’elle provenait? Était? Lui… Elle leva enfin des yeux moins timides de ses poignets pour le dévisager dans un sourire mystérieux.

“Cette encre… elle est tienne… ou plutôt … elle est toi et tu en est composé n’est ce pas? De m’en avoir laissé ainsi sur les mains ça ne te fais rien? Je pourrais… Tu… tu crois que…?”

Et elle se rapproche avec un sourire malicieux de lui venant tendre une main pour attraper sa manche comme une gamine qui réclame un bonbon, sauf qu’ici la gamine est une adulte qui lui réclame un petit bout de lui en se mordant la lèvre et en souriant.

Codage par Libella sur Graphiorum

La rousse était contente d’entendre que cet être particulier semblait tout aussi passionné qu’elle de Tolkien et de ses oeuvres. Cette idée lui donna d’autant plus envie de se pointer chez lui et de passer des heures à parler de son apprentissage des langues vivantes, mortes ou fictives qu’il apprenait, et aussi de lui et de tout ce qu’il pouvait bien aimer. Il avait l’air d’être une personne passionnante. Et elle était sûre qu’il l’était.

Les yeux de la jeune femme aperçurent bien évidemment la plume se mettre à griffonner au fil que ses mots s’échappaient de ses lèvres. Il notait réellement tout sans exception alors? Sa voix de nouveau lui fit lever les yeux pour se perdre encore dans les siens, onyx sans fond, comme un lac sombre dans lequel on veut plonger pour se perdre dans un vide infini. Son regard lui donnaient le vertige et à la fois le tournis mais aussi une pointe de plaisir à le contempler, émotion sortie du tréfond de son estomac sans prévenir et sans explications rationnelles.

Cette vague d'émotions ne s’est bien évidemment pas calmée à son contact. Agissant sous l’impulsion et l’intuition elle se laissait aller comme si elle côtoyait un vieil ami retrouvé récemment. Cette impression ne la lâchant pas, allant et venant, au fur et à mesure que leurs corps se rapprochaient ou s’éloignaient dans une valse improvisée de retrouvailles. C’est ce que lui soufflait son intuition et en général son intuition ne se trompait jamais.

Elle hocha la tête sans le lâcher au début, lui adressant un doux sourire en penchant le visage un peu, le détaillant sans honte et sans rougir. Il est vrai que ce qu’elle lui demandait était personnel et elle ne lui en voulait pas de vouloir y réfléchir. Il aurait bien pu l’envoyer bouler qu’elle ne lui en aurait pas voulu non plus d’ailleurs. Cette demande d’enfant n’était pas un caprice mais juste une requête naïve. Voulant en savoir toujours plus sur lui. Elle laissa glisser ses doigts sur sa manche doucement pour rompre le contact en délicatesse, venant le caresser de son regard, toujours curieuse et nécessiteuse de graver ses traits en sa mémoire défaillante.

“Je comprend, merci d’y réfléchir. Pour Hyacinthe et Aulne...” Elle leur jeta un coup d’oeil et un sourire chaleureux en parlant. Les voyant tranquillement patienter sur le stand, où plus grand monde ne se pressait vu l’heure avancée et l’arrivée imminente du grand spectacle. Il faut dire que le karaoké et le concours de danse avait su ramener bien des yeux curieux. “Je comptais en réalité fermer le stand pour le reste de la soirée pour que chacun profite aussi de la fête. Plus grand monde ne vient et nous avons déjà bien travaillé. Les deux là ont l’air bien fatigués je pense et je suis déjà bien chanceuse qu’ils soient restés m’aider tout du long. Je pense qu’ils ne vont peut être pas rester pour le bouquet final… Je leur demanderai.”

Elle ne se recule pas pour autant, sa proximité ne la gênant pas, avec la nuée de corps qui passait autour d’eux, elle trouvait même rassurant de s’être rapproché de lui. L’idée de ne pas le perdre et de ne pas être séparés par la foule, petite humaine qu’elle était, noyée parmis les corps en mouvement. Cette idée l’effrayait toujours un peu. Les mouvements de foule où elle pouvait se faire ballotter… peu pour elle. Elle repris doucement, sa voix portant timidement vers lui, distraite dans sa contemplation.

“En réalité… Je ne pense pas que les humains se marquent pour se révéler tel qu’ils sont réellement. Ces marques… tatouages et autre… ce n’est qu’une façon de plus de montrer qui nous voudrions être, un masque et une surcouche sur qui nous sommes réellement au fond. Je pense qu’ils ne sont pas stupides, chacun sait que la différence n’est pas acceptée et je pense que… peu ont le courage d’assumer et de montrer qui ils sont. Mes tatouages… Ils ne sont pas si explicites tu sais… Ce ne sont que des métaphores, des symboles, dont moi seule connaît le sens…" Elle marque une pause avant de reprendre avec un sourire sincère aux lèvres, ayant une idée derrière la tête. "Dis… Apocryphe? Tu es venu pour profiter du spectacle ou tu es venu y participer?”

Codage par Libella sur Graphiorum